Les Falloises à Vertus

Présentation et historique par Alain Caquet
Situées à une trentaine de kilomètres de Châlons, ces falaises en partie naturelles, comme la Roche aux Corbeaux, et en partie restes d'anciens fronts de carrières, sont le seul site naturel d'escalade de notre département. Il importe donc de vous les faire mieux connaître et de donner envie aux fanas exclusifs de l'escalade en salle de découvrir que l'on peut aussi grimper en pleine nature sur de vrais rochers......
Pendant la préhistoire de l’escalade, c’est à dire avant l’apparition des murs artificiels, les Falloises de Vertus ont vu des générations de grimpeurs marnais faire leur initiation à la grimpe sur quelques voies très peu équipées (2 ou 3 pitons pour les voies les plus hautes), le tout en grosses chaussures de montagne et sans baudriers...Autres temps !
Il est en fait difficile de savoir depuis quand l’on grimpe à Vertus ; sans doute depuis les années 30, certainement en tout cas depuis les années 50, puisque les plus anciens parmi nous (hum !) y ont fait leurs débuts vers 1960 sur des voies déjà devenues classiques. C’est avec l’inoubliable Paul Luquin, aumônier du Lycée Technique de Châlons que beaucoup de jeunes châlonnais de l’époque découvrirent l’escalade à Vertus, et bien davantage encore la haute montagne lors de camps d’été qui duraient plus de 3 semaines.
Sur certaines des voies actuelles, comme « Chouette t’as de beaux yeux », on peut encore voir quelques vieux pitons plantés certainement par Paul Luquin lui-même, avant qu’il ne quitte Châlons pour devenir guide en Oisans.
A cette époque héroïque ont été ouvertes la plupart des grandes voies de la Roche aux Corbeaux, la falaise principale, y compris la sortie directe de la grotte ( « L’Envers des Pieds »). Il faut dire que le surplomb se passait alors en escalade dite artificielle, c’est-à-dire avec des étriers, petites échelles de corde à 3 ou 4 échelons. Le charme des Falloises d’alors, c’est qu’elles n’étaient connues que de quelques initiés ... et des moustiques !
Quant au secteur de la grande dalle, près de la vaste grotte artificielle d’où étaient extraites jusqu’au milieu du 19émé siècle les pierres servant à la construction et à la réparation des églises de la région, il servait de terrain d’entraînement aux rappels et aux tyroliennes.
Le premier travail important de défrichement et d’équipement des Falloises date du début des années 80. Il a été entrepris par des enseignants d’EPS, puis des élèves du Lycée Godard Roger d’Epernay qui ont également publié le premier topo du site en 1984. Ces années ont vu une véritable explosion de l’escalade en France, en partie grâce à la médiatisation de grimpeurs comme Patrick Edlinger, et les murs artificiels se sont mis à pousser comme des champignons, à commencer par le mur de la salle Pierre de Coubertin, nommé mur Rémi Massin en souvenir de celui qui a tant fait pour le développement de l’escalade en milieu scolaire châlonnais.
Avec cette augmentation de la fréquentation, il était devenu nécessaire d’ agrandir le domaine « grimpable » des Falloises. Notre ami Pierrot Chabaux, entre autres, a fait un travail de déblaiement fantastique permettant de dégager, puis d’équiper tout un pan de falaise à gauche de la Roche aux Corbeaux. A partir de 1990, un rééquipement complet du site est entrepris, en conformité avec les normes de sécurité actuelles. Il est réalisé conjointement par les élèves de l’UNSS et du Lycée Technique d’Epernay (dans le cadre d’un Projet d’Action Educative financé par l’Education Nationale), la FFME et le CAF Châlons.
Tout ce travail a été rendu possible par le rachat par la commune de Vertus de l’ensemble des falaises. Auparavant, les relations avec certains familiers des lieux, en particulier en période de chasse, pouvaient être houleuses. Certains se souviennent encore d’avoir été confondus avec des corbeaux alors qu’ils grimpaient tranquillement, et pourtant pas vêtus de noir !...
Depuis 1997, le comité départemental de la FFME est devenu responsable de l’entretien et de l’équipement des voies, tandis que la commune de Vertus s’occupe de l’entretien et de l’aménagement des abords. D’année en année, le site évolue, s’équipe, s’améliore, au point d’être devenu un des lieux de sorties favoris des grimpeurs de la région parisienne.
Où est la belle tranquillité d’antan certains week-ends de juin ? Heureusement, il reste toujours des secteurs restés confidentiels, à l’écart de la grande falaise. Ayez la curiosité de vous balader en direction du secteur de la dalle !
Grimpeurs châlonnais, vous avez la chance d’avoir à portée de vos chaussons cette belle falaise qui vous tend ses prises. Sortez de vos salles de sport ! Découvrez les Falloises, aimez-les, et surtout respectez-les !